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Économie scientifique
16 février 2019

027 - Le Grand Complot de la haute finance (partie 8 : The Big Short / Le casse du siècle).

Suite et fin de la description par Thomas Wallace du mécanisme de la grande arnaque des « subprimes » [1] :

« Les agences de notation du crédit telles que Moody's, Standard&Poor's et Fitch furent des éléments essentiels dans l'arnaque financière de Wall Street et, comme telles, furent courtisées et convenablement rémunérées pour jouer un rôle dans la réussite des titres complexes du secteur financier. Les investisseurs regardaient et se reposaient sur les agences de notation afin de déterminer des limites de risque acceptables relativement aux retours financiers potentiels. De même, le gouvernement reconnaissait les notations comme « des notations statistiques nationalement reconnues », lesquelles étaient utilisées pour limiter le risque sur certains titres, tels que les fonds de pension. Évidemment, les produits d'investissement de Wall Street deviendraient plus attractifs pour les investisseurs si le risque financier apparaissait (ou était réellement) devenu moindre (ou encore mieux, inexistant). Ainsi, ceux qui élaborent les titres, en particulier à partir d'actifs de basse qualité, reconnaissent les techniques visant à enfumer et faire miroiter comme nécessaires pour obtenir les notations du crédit élevées dont ils ont besoin pour que leurs produits d'investissement attirent les investisseurs.

La motivation qui incita des esprits créatifs à imaginer un nouveau niveau de complexité et de fourberie – qui permettait à plus d'Américains d'être propriétaire de leur propre logement tout en générant d'historiques profits d'entreprise et rémunérations d'employés pour l'investissement de la communauté – fut la perception d'un potentiel de croissance illimité. Les prêts hypothécaires immobiliers pour maison individuelle basés sur des titres ont augmenté de 350 milliards de $ en 1981 à 3 300 milliards de $ en 2001.

 

027

Clairement, les sociétés de Wall Street et les agences de notation se sont orientées vers un nouveau business dont la stratégie est de tirer avantage des grandes opportunités d'un marché en expansion qui produisait de plus larges profits que leur marché d'affaires traditionnel. Historiquement, le business des agences de notation était surtout les obligations de société, mais il fut rapidement apprécié que la notation des titres adossés à des prêts hypothécaires était une nouvelle opportunité pour augmenter significativement les profits. Par exemple, Moody gagna environ 250 000 $ pour la notation d'un titre hypothécaire de 350 millions de $ d'actifs mais seulement 50 000 $ pour une obligation municipale de taille comparable. En 2006, le gain total de Moody's pour son domaine d'affaires « finance structurée », qui comprend les titres adossés à des prêts hypothécaires, fut de 900 millions de $, ce qui représentait une augmentation de 63 % par rapport aux 553 millions de 2004. En 2006, les revenus de la finance structurée de Moody's représentaient 44 % de ses 2 milliards de $ de revenus.

Wall Street fut extrêmement efficace pour cacher le risque aux investisseurs et aux agences de notation en utilisant des techniques contestables de sécurisation de prêts hypothécaires plus risqués et de réhaussement de crédit, que les agences de notation, étonnement, acceptèrent comme base pour attribuer au crédit une meilleure notation que méritée, laquelle restituait une image fausse du risque de l'investissement. Curieusement, ces techniques reçurent l'approbation tacite du gouvernement fédéral, car elles accompagnaient celles de la Resolution Trust Corporation's gérant les conséquences de la baisse de l'épargne et des défaillances de l'industrie du prêt.

Wall Street fut extrêmement efficace pour cacher le risque aux investisseurs et aux agences de notation en utilisant des techniques contestables de sécurisation de prêt hypothécaires plus risqués et de réhaussement de crédit, que les agences de notation, étonnement, acceptèrent comme base pour attribuer une meilleure notation que méritée au crédit, laquelle restituait une image fausse du risque de l'investissement. Curieusement, ces techniques reçurent l'approbation tacite du gouvernement fédéral, car elles accompagnaient celles de la Resolution Trust Corporation's gérant les conséquences de la baisse de l'épargne et des défaillances de l'industrie du prêt.

Historiquement, les agences de notation ont été très sélectives dans l'octroi de la note triple A, comme l'illustre le fait qu'en 2007 seulement six sociétés reçurent la meilleure note. Cependant, des dizaines de milliers de lots adossés à des prêts hypothécaires furent notés triple A et ce jusqu'à l'éclatement de la bulle immobilière. « Les souscripteurs ajoutèrent souvent des réhaussements de crédits pour renforcer le pourcentage de lots triple A… Nulle part dans le processus il n'y eut quelqu'un dont le rôle fut de s'assurer que les prêts hypothécaires sous-jacents restaient liés aux exigences du monde réel. » Comme le déclara à l'époque un dirigeant du Moody's : « Il continue à y avoir beaucoup de commerce de notation… Il y a tout le temps des gens qui achètent des arrangements. »

L'incompétence manifestée par les agences de notation au cours des dernières décennies ne laisse présager pour le futur qu'une faible confiance du public dans leurs capacités à satisfaire leurs responsabilités de base envers l'économie de la Nation et à effacer le scepticisme des investisseurs envers des attributions de note spécifiques. Les agences de notation ont répondu aux opportunismes financiers avec la même conduite professionnelle déficiente que celle exhibée par les sociétés de Wall Street, les grandes entreprises américaines, le Congrès et les banques commerciales.

Il peut être remarqué que Standard & Poor's attribua une note triple A à Enron juste quelques jours avant sa faillite de 2001, et pas un seul analyste ne perdit son poste. Plus récemment, des notes inappropriées ont été à plusieurs reprises associées aux titres truqués des prêts hypothécaires à risque, qui devinrent rapidement des actifs toxiques contribuant à la crise financière de 2008. De plus, S & P attribua une note A à Lehman Brothers durant les mois de son effondrement vers la faillite, ce qui déclencha la débâcle financière mondiale.

Juste avant la aujourd'hui célèbre dégradation de 2011 par S & P de la solvabilité du crédit américain au statut double A, leur avant-projet, partagé avec le département du Trésor, s'est révélé contenir pour 2 000 milliards de $ d'erreurs évidentes. Mais le message peut-être le plus précis et le plus utile du rapport de dégradation de S & P était : « La dégradation reflète notre vision selon laquelle l'efficacité, la solvabilité et la prévisibilité de l'action et des institutions politiques américaines se sont affaiblies à une époque marquée par de nouveaux défis fiscaux et économiques. » En outre, la décision fut vue comme un jugement du leadership politique de la Nation et du « gouffre entre les partis politiques ». Ainsi, tandis que le rapport de S & P reçu une critique tranchante et sceptique de son évaluation de solvabilité du crédit américain, ils furent peu nombreux à être en désaccord avec sa conclusion sur la faiblesse et l'inefficacité de « l'action et des institutions politiques » de la Nation. Cependant, de la « faiblesse et de l'inefficacité » S & P aussi bien que Moody's et Fitch en firent montre en étant co-conspirateurs avec les sociétés financières de Wall Street et les régulateurs gouvernementaux pour déclencher l'effondrement financier mondial. »

[1] « America is Self-Destructing », Thomas Wallace, 2013 ; Author House, Bloomington, Indiana ; pp. 323-325.

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Commentaires
B
c'est pas une nouvelle on le sait depuis des lustres...👍👏💋
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