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Économie scientifique
1 juillet 2020

048 - Le PIB est un standard trompeur.

En France le PIB est calculé par l'INSEE.

Le PIB représente la valeur ajoutée par l'économie nationale. Il cumule :

048

Les valeurs ajoutées des entreprises. Il s'agit de la différence entre les prix de vente des produits (chiffre d'affaire) et le prix d'achat de tout ce qui a été nécessaire (les coûts) : matières premières, produits intermédiaires, services, consommation d'énergie, transport… Les salaires et les intérêts d'emprunt sont comptés comme valeur ajoutée.

Les coûts des services publics gratuits : police, éducation publique… La valeur ajoutée d'un policier, d'un enseignant, d'un personnel de santé d'un hôpital public… est ainsi égale à sa rémunération.

Il est ainsi à remarquer que le PIB ne prend en compte que les actes économiques associés à un flux de monnaie et non les actes gratuits comme : le bricolage chez soi, les cultures réalisées dans son jardin, le bénévolat, les actes réciproques entre voisins, …

Le PIB considère comme de la croissance des dysfonctionnements (carburant consommé dans des embouteillages qui est de la valeur ajoutée pour les pétroliers), les dégâts d'accidents de la route (valeur ajoutée pour les garages), la réparation de dégâts provoqués par des catastrophes naturelles, etc. Tout cela fait progresser le PIB qui est donc loin d'une mesure de la satisfaction des aspirations ou des besoins humains.

Plus grave encore, le PIB ignore les dommages définitifs causés au patrimoine naturel que la Terre a mis à disposition des hommes. Il en est ainsi des prélèvements faits sur les stocks de pétrole et autres sources d'énergie ou de matières premières, par nature non renouvelables… de la pollution… Bref on raisonne toujours comme les pionniers de l'Ouest américain pouvaient encore le faire au XIXe siècle. [1]

L’absurdité de se référer au PIB, standard basé sur les actes économiques associés à un flux de monnaie, peut-être illustrée par un cas d’école. Imaginons de cumuler les PIB de deux pays ennemis. Au début d’une certaine année N, chacun des deux pays possède un certain capital en termes de richesse-énergie (bâtiments, usines, moyens de transport, etc.). Au cours de cette année N ces deux pays augmentent leur arsenal militaire (forces aériennes, maritimes, terrestres) et leur stock de munition. Pour cela entre dans le calcul du PIB des deux pays et l’accroît. Durant l’année N+1 un conflit armé éclate entre ces deux pays provoquant des destructions qui diminuent leur capital de richesse-énergie sans que ces destructions n’impactent pour le moins du monde les PIB négativement. L’année N+2 la paix est revenue et les deux pays s’engagent dans le reconstruction de ce qui a été détruit, ce qui intervient positivement dans le calcul des PIB. Si l’on compare les situations au début de l’année N et à la fin de l’année N+2, le capital des deux pays en termes de richesse-énergie est le même alors que durant la période couvrant les années N à N+2 le PIB n’a cessé de croître. On a donc bien là l’évidence que le PIB donne une vision grandement faussée de la vraie santé d’un système économique, santé qui repose sur le capital et les ressources en termes de richesse-énergie et non sur les flux de monnaie qui véhiculent la richesse dans les échanges commerciaux.

Par ailleurs le PIB ignore la consommation de ressources non renouvelables de la Terre ainsi que l’inévitable pollution engendrée et accumulée par les processus de production de richesses.

« On raisonne toujours comme les pionniers de l'Ouest américain pouvaient encore le faire au XIXe siècle. » [1]

Thomas Piketty [2] a évalué la croissance du PIB moyen mondial par intervalles de temps, depuis l’an 0. Elle est restée quasi nulle jusqu’en 1820 :

0 % de 0 à 1700

0,1 % de 1700 à 1820

0,9 % de 1820 à 1913

1,6 % de 1913 à 2012.

En Europe, pendant les « Trente Glorieuses » (1945 – 1975), la croissance fut de 3 à 4 % avant d’entrer dans un processus de recul.

En France de 1960 à 2013, les valeurs sont les suivantes :

5,6 % de 1960 à 1969

3,7 % de 1970 à 1979

2,2 % de 1980 à 1989

1,9 % de 1990 à 1999

1,5 % de 2000 à 2009

0,8 % de 2010 à 2013.

Après que, en 1774, James Watt a inventé la machine à vapeur, la première ligne de chemin de fer de transport de passagers par locomotive à vapeur a été inaugurée en 1825, en Angleterre. Le développement des transports ferroviaires fut une étape clé de la révolution industrielle dans les pays occidentaux. Cela a marqué le début de l’exploitation à grande échelle des énergies fossiles (charbon, pétrole) emmagasinées dans le sous-sol depuis l’ère carbonifère il y a des millions d’années… et le début de la croissance du PIB.

[1] Stop au mirage de la croissance, Jean-Pierre Brovelli et Claude Simon, 2015 ; les Éditions de l’Atelier, Ivry-sur-Seine ; chapitre 1.

[2] Le capital au XIXe siècle, Thomas Piketty, 2013 ; Éditions du Seuil ; p. 157.

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