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Économie scientifique
7 mars 2021

068 - L’histoire du travail (de la révolution industrielle à la Seconde Guerre mondiale).

Poursuivons notre citation d’extraits de l’ouvrage du Guillaume Morel. Ceux rassemblés dans ce billet concerne la période partant de l’avènement de la révolution industrielle jusqu’à la Seconde Guerre mondiale :

« En France, le mouvement philosophique des "Lumières" va être le principal vecteur idéologique de destruction de l’ordre social et religieux hérité du féodalisme. Il va transformer les valeurs de la classe bourgeoise en une nouvelle idéologie dominante à portée universelle, permettant ainsi l’entrée du pays dans la révolution capitaliste industrielle.

Le statut du travail va alors changer radicalement et ce dernier va devenir un facteur de production, c’est-à-dire un coût, dans le processus d’accumulation capitalistique. Il va ainsi être glorifié et devenir la valeur centrale de la bourgeoisie et des classes dominantes qui vont imposer leur idéologie à l’ensemble de la société…

Mais alors que pour la bourgeoisie et les classes possédantes le travail constitue un moyen d’accumulation et d’enrichissement personnel, pour l’ouvrier et le salarié il va constituer une véritable aliénation qui ne lui permettra pas de s’élever au-dessus de sa condition de dénuement extrême…

[…]

La libération de la morale bourgeoise et son imposition à l’ensemble de la société suite au "coup d’État" réalisé à l’occasion de la révolution française, va se traduire par une dégradation abominable des conditions de travail et de vie des salariés. La rationalisation des processus de production et l’intégration du travail dans le cycle de production et tant que coût vont conduire à une déshumanisation de l’activité économique des salariés et à une exploitation sauvage. » [1]

068-1

« … L’usine qui succède à l’échoppe de l’artisan et à la fabrique s’impose… comme un lieu de coercition où le salarié est strictement encadré et contrôlé dans l’exécution de ses tâches par un contremaître…

[…]

… En 1840, la durée annuelle moyenne du travail dans l’industrie en France s’établit à 3 200 heures [soit 61 h 30 par semaine sur 52 semaines et 8 h 45 par jour sur 7 jours].

[…]

… en 1936… [le] Front Populaire… [va] mettre le patronat aux abois, faire basculer le rapport de force en faveur de la classe ouvrière et déboucher sur une série de mesures historiques, comme le passage à la semaine de quarante heures ou encore l’instauration des premiers congés payés et des allocations chômage…

… Le patronat… est furieux. La Fédération des Industries les considère comme :

"Le début d’une catastrophe économique sans précédent en France, les congés payés feront plus de dégâts à l’industrie et à l’artisanat que les destructions de la Grande Guerre, dans trois ans la France sera ruinée." » [2]

[On saura plus tard que si la France fut non pas ruinée, mais plutôt en ruine, quelques années plus tard, ce ne fut pas à cause des congés payés mais d’une seconde grande guerre et que, dans le cadre du plan Marshall, les congés payés n’ont pas plus empêché la reconstruction du pays.]

« Cependant, dans le même temps que cette réduction historique du temps de travail se met en place en Europe, la révolution de l’organisation scientifique du travail initiée aux États-Unis par l’ingénieur Frederick Winslow Taylor… gagne le continent européen. Cette nouvelle organisation du travail se caractérise par une rationalisation à l’extrême du processus de production…

068-2

Le temps de travail devient le seul déterminant de l’activité de l’ouvrier et le chronomètre va s’imposer comme la mesure essentielle de la productivité… Cet univers proprement concentrationnaire sera illustré par Charlie Chaplin dans son film de 1936, Les temps modernes.

L’Union Soviétique…

… poursuit les mêmes buts, l’amélioration de la productivité, au service de l’industrie d’État.

Plus généralement, l’idéologie du travail prend dans le régime soviétique des proportions monstrueuses. L’oisif devient l’ennemi par excellence, désigné à la police politique comme un "saboteur" qui remet en cause l’idéal et la réalisation du socialisme. » [3]

[1] « Le travail – Histoire d’une idéologie », Guillaume Borel, 2015 ; Les Éditions Utopia ; pp. 35-37.

[2] Ibid ; pp. 37-44.

[3] Ibid ; pp. 45-47.

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