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Économie scientifique
25 mars 2020

044 - Les multinationales pharmaceutiques (partie 13 : Recherche publique et recherche privée).

Suite extraits de [1].

Presque toute la science fondamentale qui soutient le progrès de la médecine moderne se développe dans le secteur à but non lucratif, dans les universités, les instituts de recherche et les laboratoires gouvernementaux. Un rapport de l’an 2000 du Congrès des États-Unis soulignait que « des 21 médicaments les plus importants lancés entre 1965 et 1992, 15 avaient été mis au point à partir de connaissances et de techniques provenant de la recherche financée par le gouvernement fédéral ». D’autres études arrivent à des conclusions similaires, par exemple qu’au moins 80 % de 35 médicaments majeurs étaient fondés sur des découvertes réalisées par la recherche d’organismes du secteur public. L’Institut national du cancer a tenu un rôle de chef de file dans la mise au point de 50 des 58 nouveaux médicaments contre le cancer ayant été approuvés par la FDA entre 1955 et 2001.

Trois des découvertes les plus importantes du XXe siècle – la pénicilline, l’insuline et le vaccin contre la polio – proviennent toutes de laboratoires financés par les fonds publics. Le NIH [National Institutes of Health] réalisa une étude des cinq médicaments les plus vendus en 1995, le Zantac (ranitide pour les ulcères d’estomac), le Zovirax (acyclovir pour l’herpès), le Capoten (captopril pour l’hypertension artérielle), le Vasotec (énalapril pour l’hypertension artérielle) et le Prozac (fluoxétine pour la dépression) et trouva que 16 des 17 articles scientifiques primordiaux menant à la découverte et la mise au point de ces médicaments provenaient d’autres sources que l’industrie.

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Le tableau est très constant. Les premières percées pour le SIDA survinrent aussi de la recherche publique et le gouvernement américain a dépensé deux fois plus en recherche que toutes les compagnies pharmaceutiques mises ensemble. L’histoire typique est que les compagnies pharmaceutiques investissent relativement peu dans les vraies percées mais quand elles en dessaisissent la recherche publique, elles vendent le médicament à un prix exorbitant puisqu’elles disposent d’un monopole. De plus, elles mentent d’une manière routinière au sujet de la recherche et volent souvent le mérite de la découverte du médicament en prétendant qu’elles l’ont découvert elles-mêmes. Les très racoleurs partenariats public-privé volent en éclats quand le partenaire privé se sauve constamment avec tout l’argent et tout le mérite, plaçant le reste de la société dans le rôle de l’imbécile que l’on a dépouillé.

Quand on défalque les subsides des contribuables, les compagnies pharmaceutiques ne dépensent en science fondamentale que 1 % de leurs revenus, pour découvrir de nouvelles molécules, et plus des quatre cinquièmes de tous les fonds pour la recherche fondamentale et pour découvrir de nouveaux médicaments ou de nouveaux vaccins proviennent de sources publiques.

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Une raison importante expliquant pourquoi la plupart des percées proviennent de la recherche financée par le public est que le capitalisme et la curiosité cohabitent très mal. Cela prend du temps pour être curieux et les dirigeants des sociétés pharmaceutiques n’ont pas de patience. Ils veulent un retour rapide sur les investissements, retour qui les aidera à accéder à d’autres positions plus lucratives dans d’autres compagnies. Les administrateurs ont donc tendance à mettre fin à une orientation de recherche quand il n’y a pas eu de progrès après une couple d’années.

Les scientifiques sont quant à eux radicalement différents des administrateurs. Les psychologues ont montré que l’argent est pour eux une piètre motivation par comparaison avec le fait de réaliser des tâches intéressantes. Ce qui compte pour eux c’est la résolution d’énigmes et la contribution à des choses qui importe au monde.

[1] Remèdes mortels et crime organisé – Comment l’industrie pharmaceutique a corrompu les services de santé ; Peter C. Gotzsche, traduction de Fernand Turcotte, 2015 ; Presses de l’université Laval ; pp. 354-356

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Commentaires
B
bjr, ou est la vérité!!!... Prenez soin de vous et de vos proches.
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