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Économie scientifique
14 janvier 2022

091 - Le rapport Meadows : Dépassement et effondrement.

Suite aux résultats du Scénario 1 présentés dans le précédent billet n°090, les auteurs de « Les limites de la croissance » nous livrent une analyse sur le sujet du phénomène de dépassement pouvant conduire à un éventuel effondrement dont voici quelques extraits dans le présent billet :

091-1

« Une population et une économie sont en dépassement lorsqu’elles puisent des ressources et émettent des polluants à un rythme non soutenable, mais ne se trouvent pas encore dans la situation où le stress qu’elles imposent aux systèmes vitaux est suffisamment fort pour qu’elles soient contraintes de réduire leur consommation ou leurs émissions. Autrement dit, l’humanité est en dépassement lorsque son empreinte écologique se situe au-dessus du niveau soutenable, mais n’est pas suffisante pour la pousser à déclencher les changements qui vont la faire baisser.

Le dépassement s’explique par un retard dans la réaction. Les décideurs d’un système n’obtiennent pas immédiatement l’information selon laquelle les limites ont été dépassées, ou ne la croient pas ou n’en tiennent pas compte. Le dépassement est possible, car des ressources dans lesquelles on peut puiser ont été accumulées… Plus le stock de départ est important, plus le dépassement peut durer longtemps. Si une société ne considère que les signaux relatifs à la disponibilité des stocks et non ceux portant sur la vitesse de reconstitution de ces derniers, elle est condamnée au dépassement.

L’inertie s’ajoute au retard des signaux et elle constitue une autre source de retard dans la réponse apportée à ces mêmes signaux. Étant donné le temps qu’il faut à une forêt pour repousser, à une population pour vieillir, à des polluants pour s’infiltrer dans l’écosystème, à des eaux polluées pour redevenir propres, aux machines pour se déprécier, ou aux individus pour s’instruire ou se recycler, le système ne peut pas changer du jour au lendemain, même après avoir perçu et accepté l’existence d’un problème… Les systèmes politiques et économiques de la planète ne regardent pas assez loin devant eux.

091-3

Ce qui fait que l’on passe du dépassement à l’effondrement est l’érosion, à laquelle s’ajoutent les non-linéarités. L’érosion est un stress qui s’amplifie si on n’y remédie pas rapidement… Les sols peuvent s’éroder sans que cela ait d’incidence sur les rendements des récoltes jusqu’à ce qu’ils deviennent moins profonds que la zone radiculaire des cultures. À partir de là, toute érosion supplémentaire débouche rapidement sur une désertification. L’existence de seuils rend les conséquences des temps de réaction encore plus graves…

[…]

091-2

Si une période de dépassement n’est pas obligatoirement suivie d’un effondrement, il faut toutefois prendre des mesures rapides et énergiques pour éviter ce dernier. Les ressources doivent tout de suite être protégées et leur consommation drastiquement réduite. Les niveaux excessifs de pollution doivent être abaissés et les taux d’émission doivent redescendre à un niveau soutenable. Il ne sera pas forcément nécessaire de faire baisser la population, le capital ou le niveau de vie. Ce qui doit en revanche diminuer rapidement sont les flux de matière et d’énergie. En d’autres termes, l’empreinte écologique de l’humanité doit être réduite. Heureusement, si l’on peut dire, l’économie mondiale actuelle engendre un tel gâchis et se caractérise par une telle inefficience que le potentiel de réduction de notre empreinte est énorme et que nous pouvons, ce faisant, garder la même qualité de vie, voire l’améliorer. » [1]

[1] Les limites à la croissance ; Dennis Meadows, Donella Meadows et Jorgen Randers, 2004, traduction d’Agnès El Kaïm, 2017 ; édition Rue de l’échiquier, Paris ; pp. 289-294.

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