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Économie scientifique
26 juin 2021

075 - De Frederick Soddy à Thomas Wallace.

Les billets 020 à 074 ont été consacrés à survoler les graves dérives du système socio-économique sur lequel reposent nos sociétés.

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En 1926, Frederick Soddy écrivait déjà :

« Avons-nous réussi à dominer les principales puissances de la nature pour devenir les victimes de nos propres machines et être finalement détruits par elles ? Notre civilisation disparaîtra-t-elle pour avoir engendré le robot et le rentier, et pour avoir sombré dans des conflits de classe à l’intérieur des pays et des guerres fratricides à l’extérieur ? Y a-t-il un intérêt à multiplier par un million la puissance fournie par la science si l’utilisation que nous faisons de celle dont nous disposons déjà suffit à mettre en danger le futur de la civilisation ? » [1]

« Avec toute cette nouvelle richesse, la pauvreté de nos ancêtres n’a pas été abolie, mais est revenue sous une forme monstrueuse. Une armée grandissante de chômeurs, sans moyens convenables de subsistance, hante un monde capable de produire beaucoup plus qu’il ne consomme. Ainsi, en un certain sens nouveau en histoire, le pauvre est devenu le subordonné du riche même quant à la permission de gagner sa vie. » [2]

Comme nous l’avons déjà mentionné c’est dans cet ouvrage de 1926 qu’ont été scientifiquement formulés les principes d’un paradigme économique fondé non pas sur les flux réversibles de monnaie, mais sur les flux irréversibles d’énergie.

L’ouvrage de Frederick Soddy, bien qu’écrit par un prix Nobel (de chimie) est resté assez méconnu et ce n’est sans doute pas le fruit du hasard. Son contenu remet en cause les intérêts d’une oligarchie financière qui profite machiavéliquement d’un système dont elle contrôle tous les rouages. Frederick Soddy (1877-1956) l’évoquait déjà dans les lignes du dernier chapitre de son livre où il évoque la « conspiration du silence qui entoure tous les problèmes monétaires » :

« … Si l’économie était réellement une science, elle n’aurait pas besoin de se protéger des critiques par une conspiration du silence. Dans tout domaine scientifique une critique responsable reçoit en retour une réponse immédiate, et non pas une politique de l’autruche visant à ensevelir sa tête dans le sable, dans l’espoir que ses oreilles seront ainsi bouchées, et à jeter par la même occasion de la poussière dans les yeux du dénonciateur. » [3]

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Effectivement, l’ouvrage de Frederick Soddy est resté enveloppé dans un brouillard relativement épais jusqu’à que, environ 80 années plus tard, un physicien chimiste américain, Thomas Wallace, tombe dessus par hasard (comme il en fut de même pour moi). Thomas Wallace, à la retraite, s’intéressait à un autre domaine que celui qui fut celui de sa profession, il s’intéressait au sujet de l’évolution des civilisations. Ayant lu les travaux des plus éminents spécialistes du domaine, il constata qu’il n’existait aucun modèle unifié expliquant pourquoi toutes les civilisations humaines connues avait fini par décliner. Ces modèles existants reposaient uniquement sur les aspects du comportement humain et du développement culturel. Thomas Wallace en vint à la conclusion que si les modèles existants ne permettaient pas de rendre compte de cette réalité, c’est qu’il leur manquait des paramètres. C’est alors que par une heureuse coïncidence Thomas Wallace est tombé par hasard sur le travail de Frederick Soddy et qu’il a compris que les paramètres manquants étaient les paramètres des sciences physiques liés à l’énergie. Nous reviendrons ultérieurement sur le modèle unifié proposé par Thomas Wallace qui explique l’inexorable déclin des civilisations humaines. [4]

Remarquons que Frederick Soddy n’a jamais employé la terminologie « économie scientifique ». dans son ouvrage de 1926. Elle apparaît dans un autre ouvrage sur l’économie qu’il a publié huit années plus tard, en 1934, « The Role of Money ».

[1] « Richesse, Richesse virtuelle et Dette » de Frederick Soddy, 1926, traduction française par Jean-Paul Devos, édition Persée, 2015, p. 30.

[2] Ibid ; pp. 38-39.

[3] Ibid ; pp. 307-308.

[4] « Richesse, Énergie et Valeurs humaines » de Thomas Wallace, 2009, traduction française par Jean-Paul Devos, édition Persée, 2017, p. 44.

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